C'est sûr qu'on peut rester tout seul,
mais on a vraiment toute la vie pour ça.

Papa avait raison, rien ne vaut la lumière du soleil pour redessiner à la perfection les traits d'un visage mais aussi y faire ressortir cette peine qui le hante. Assise sur son siège dans un bus, Heaven regardait le paysage défiler et d'un geste las caressa avec sa main la vitre légèrement tiède. Peu aprés celà son front vînt se poser sur la vitre. Un long soupir se fit entendre, épuisée par son travail qui lui prenait la plupart de son temps aujourd'hui, en cette journée ensoleillée, la jeune femme s'était autorisée une petite pause. C'est pourquoi, pour une fois Heaven se rendait au parc le plus proche. Tandis qu'elle se perdait dans ses pensées, un viellard se mit à tousser, avec une telle force que la belle pensa un instant qu'il allait y laisser ses poumons. Le silence retomba mais il fut de courte durée, en effet, le moteur du bus cessa et le brouhaha des gens reprit de plus belle. Heaven empoigna son sac à main et, laissa les gens descendre, une fois vide, la femme se leva et d'un pas lent se dirigea vers la sortie. Elle inspira alors une longue bouffée d'air frais et ferma pendant un simple instant ses yeux verts pour mieux déguster ce moment. Un vent frais vînt caressait sa peau et Miss Silver enfila alors un petit gilet pour empêcher un maximum de le froid de venir l'emprisoner. Il faisait soleil, oui mais le vent restait tout de même froid. Elle remarqua sur le sol quelques flaques d'eau en effet, hier la pluie s'était abattue sur le beau paysage d'Amsterdam. Tandis qu'Heaven passait dans les ruelles, au loin un viel homme, recroquevillé sur lui-même faisait la manche. Son coeur se serra et en silence, elle sortit de son porte-monnaie une pièce, oui une pièce, ce n'était pas grand chose mais mieux que rien. Un jolie sourire se dessina sur le visage ridé de celui-ci lorsque la pièce tomba dans le bol en plastique. Heaven lui rendit alors ce petit sourire et d'un pas toujours aussi lent se dirigea vers l'entrée du parc.Veynus se stoppa net et regarda pendant quelques secondes les enfants qui jouaient avec des avions en papier, d'autres avec des camions, des vielles femmes quant à elles se contentaient de nourrir quelques pigeons. Heaven se décida alors à pénétrer dans le parc, enlevant d'un geste vif une mèche de cheveu qui cachait son visage pâle. A l'identique des vielles, la femme s'asseya sur un banc en fer légèrement à l'écart des autres. Soudain quelque chose vînt percuter ses jambes.

Pardon madame !
C'est rien.

Et empoignant le ballon que des petits venaient de lui envoyer dessus sans le faire exprés, Heaven leur envoya avec douceur pour qu'il puisse le rattraper avant l'atterissage. Les rayons du soleil, quant à eux ne cessaient de caresser la peau de Miss Silver. Pas mécontente de celà, aprés quelques minutes, celle-ci enleva son Gilet les rayons du soleil étant à présent assez fort pour réchauffer son corps. Il ne devait pas être loin de 15H00 dans 3H00 déjà elle serait derrière son comptoir à servir des bières à de vieux alcooliques qui ne cèsseraient de la déshabiller des yeux. Et, lorsque la fermeture du bar viendrait avec l'aide du patron, celle-ci se devrait de convaîncre les plus tardifs à partir. Le seul point positif dans celà était de compter les pour boire de la soirée, sa seule récompense. Mais bien sur Heaven tremblerait comme toujours dans les rues de la ville tombées dans le noir pour retourner chez elle. Chaques jours, Veynus faisait toujours cette routine et, à cette pensée un autre soupir se fit entendre. Sortant de ses pensées pour une fois la femme se devait de ne pas broyer du noir. Son sac sur ses genoux, Heaven avait le plaisir d'entendre les enfants rire, les oiseaux chanter, ce havre de bonheur qu'elle avait peu l'occasion de voir.

Assise sur le banc, elle laissait le temps défiler devant elle et la seule chose dont Heaven était capable était de le regarder avec un air vide. La femme leva la tête en direction du ciel, laissa les rayons du soleil caresser ses joues et elle ferma les yeux quelques secondes pour se détendre. Soudain, au moment où elle ne s'y attendait le moins, une voix grave résonna prés d'elle. Ses yeux s'ouvrirent et se posèrent sur le jeune homme proche d'elle. « Je suis sûr qu'on peut trouver assez de partisans pour monter une secte. » « La nuit, on mettrait des cagoules et on crèverait les ballons. » Veynus hésita à sourire, c'est pourquoi pendant un certain temps, qui fut éphémère, elle garda ce visage froid lorsqu'enfin, un mince sourire se dessina sur ses lèvres. Miss Silver ne parvînt à décrocher le regard de l'homme. Heaven se décida enfin à répondre, d'une voix légèrement maliçieuse.

« Je n'sais pas si j'aurais le courage de rendre autant d'enfants tristes. » A ces paroles, son regard se riva sur les enfants qui jouaient devant eux. « Le père fouettard est là pour çà. (: »

Elle chuchotta ses dernières paroles comme si elle ne voulait pas que les enfants les entendent. En effet, étant petite Heaven avait une peur bleue du père fouettard mais lorsque son père était devenut violent cette peur c'était alors accentuée d'avantage. Le silence s'imposa entre les jeunes gens, les rires des petits étaient ce qui se faisait le plus entendre dans le parc. Le soleil rendait Heaven de bonne humeur, il lui rendait une certaine joie de vivre qu'elle n'avait pas eu depuis longtemps. Son regard se posa sur l'homme et elle approcha ses lèvres de l'oreille de celui-ci.

« Mais, si un jour je vois à la télé la secte des creveurs de ballon j'aimerais bien connaître le nom de celui qui l'a inventé, je pourrais me vanter de lui avoir parlé. (; »

Heaven se recula et au même moment laissa un petit rire timide se faire entendre. Elle poussa encore une fois cette petite mèche rebelle qui ne céssait de venir se poser sur son visage et un petit sourire vînt se dessiner sur son visage. Pour une rare fois, des petites étoiles brillaient dans ses yeux même si son visage semblait fatigué. Sa nouvelle vie à Amsterdam commençait à lui rendre ce sourire qu'elle avait perdu depuis un bon moment déjà. Le vent commençait à se lever et les vielles dames étaient donc parties, frileuses, elles avaient mis sur leurs épaules de gros pull en laine. Peu à peu le parc se vidait, comme souvent les plus tardifs seraient des ados rebels qui enfreindraient les règles imposées par les parents. Le truc banal. Heaven quant à elle resterait assise sur ce banc jusqu'au moment où elle devrait reprendre le boulot, malheureusement. Mais, elle semblait avoir trouvé, pour une rare fois un homme qui semblait interressant. Tout celà restait à voir.