Climb up a tree,
Touch the sky,
Be happy .

Tu rêves ma petite. Tu rêves... Assise sur le rebord de ma fenêtre, je regardais les toits d'Amsterdam. La cigarette aux lèvres, je soufflai doucement la fumée en souriant. Le sourire niais. On aurait dit que j'avais vu la vierge marie ._. Mais je ne pouvais m'en empêcher. Me raclant la gorge en poussant un doux soupir, je calai ma tête bien contre l'encadrement de la fenêtre et fermai les yeux. Il avait plut toute la nuit mais ce matin-là, le soleil perçait les nuages. J'étais encore en peignoir, les cheveux trempés de ma dernière douche. Ce jour-là, je n'avais pas spécialement envie d'aller bosser. Bon, on était même pas au milieu du mois, je me démerderais pour trouver l'argent pour les factures, le loyer... En fait, je devrais peut-être aller travailler. Jetant mon mégot de cigarette sur le balcon du voisin d'en face, je rentrai dans ma chambre en essayant de ne rien écraser. Et oui ma chambre (ou plutôt tout mon appartement) était plutôt réputé pour le bordel qui y régnait. J'attrapai sur mon lit une robe, une pair de collant, des sous-vêtements et enfilai le tout. Passant par la salle de bain (aussi surnommé bain à vapeurs (a)) je donnai un coup de brosse à mes cheveux bruns, un léger coup de maquillage, mis en vitesse une paire de bottes, attrapai mon sac, mon parapluie et sortis de mon appartement en claquant la porte. Bon allez, motivée ! Je descendis les escaliers à toute vitesse, croisant une voisine qui me dit rapidement que je devais faire moins de bruits si je rentrais tard le soir : mais oui ma grande, je fais le bruit que je veux au bruit où je paye cet appart ._. Limite s'il me reste de l'argent pour me payer à manger quoi... Je haussai les épaules et lui lançai un sourire, pour éviter de lui répondre. Je passai dans le petit garage et retrouvai avec joie mon petit magasin ambulant. Je poussai un soupir, enlevai les freins et le poussai. Le tintement de la clochette me fit sourire et je partis, le coeur léger, pour passer encore une journée à marcher.

La journée se déroula lentement, sans encombres, sans problèmes. Cette fois-ci, pas de mec avec une balle dans les côtes, ni d'accident de dragibus. Rien de bien intéressant, mes bonbons se vendirent bien en début d'après-midi mais, sur les coups de 5 heures, les mères étaient toutes chez elles avec leurs gamins. Et moi je me retrouvais encore une fois à marcher toute seule, poussant mon petit chariot coloré. Décidée à ne pas rentrer tout de suite chez moi, je partis me balader sur les quais. Les roues de mon magasin ambulant sursautaient sur les pavés. Finalement, alors que la grande rue qui longeait le port était plutôt vide, je décidai de m'aventurer sur les ponts. Au moins personne ne viendrait troubler mes rêves crétins. Oui, on a tous le droit d'avoir des petits moments où on fait les bisounours nan ? Abandonnant mon petit magasin à l'abri, derrière un vieux bateau de pêche, je mis l'antivol au cas où et partis en trottinant joyeusement. Les bateaux se balançaient au rythme des petites vagues, le bruit reposant de l'eau résonnant entre leurs coques blanches. J'allumai une cigarette, me la coinçai entre les lèvres et inspirai profondément.

« Comment tu veux reprendre une existence normale hein ? Pathétique moi je dis. »

Oui ça fait du bien de se parler parfois =o Je regardai à droite, à gauche, lâchai un petit rire et enlevai mes bottes, puis mes collants et m'assis sur les planches de bois. Mes doigts de pieds frôlèrent l'eau froide et je frissonnai de bien être. Je savais que je devrais faire des tonnes de trucs, mais là tout de suite je n'avais envie que d'une chose : me concentrer sur la sensation de l'eau sur ma peau, du vent sur mon visage. Il ne me manquait plus qu'une... Surprise :)

« Je me demande ce que faisaient les gens après l'amour, avant l'invention de la cigarette. »

L'eau caressait doucement le bois, clapotait sur la coque de la barque, régulièrement. C'était apaisant. Non, plus que ça, c'était le calme parfait. Même si l'agitation de la ville n'était pas loin, on avait l'impression d'être seul, très loin, tout au fond d'une crique en plein désert. Le soleil tapait sur le monde, et l'après-midi passa doucement. Ne rien faire. Ne rien faire d'autre que de rester là, à sentir le flot, les vagues, l'odeur de la mer et la lointaine rumeur des faubourgs. Liam poussa un long soupir et suivit le fil de l'eau du bout des doigts, allongé à fond de cale dans une petite barque. Il dérivait. Il s'en foutait royalement. De toute façon il avait encré son bateau plus haut. Quand je pense qu'il y en a qui sont malades en bateau... Le mal de mer ? Connait pas. Au final, il n'avait jamais rien ce mec ! Jamais malade, pas de vertige, pas de mal de mer, pas d'allergies, rien, que dalle. L'insensibilité totale. Et dire que c'est Maël le sociopathe. Liam sourit doucement en pensant à son frère. Se sentit immédiatement mieux. Sans ouvrir les yeux, il laissa glisser sa main jusqu'à sa poche, sortit son portable et envoya un gentil petit message à son frérot d'amour chéri =D. Arrête de faire ton associable, viens, jm'emmerde sans toi pauvre tache :). Il l'envoya, sachant parfaitement que son frère ne le recevrait que lorsqu'il l'aurait croisé et demandé s'il avait reçu son sms. De quoi ? Un message ? =O Je sais pas me servir d'un portable .__.

Liam retira sa main de l'eau et continua a glander au soleil, invisible au reste du monde. S'il ouvrait les yeux il s'aveuglerait à cause du ciel bien trop bleu. Alors pourquoi se faire du tord ? =o Il soupira encore. Impossible de recommencer à se concentrer uniquement sur les mouvements du petit bateau, maintenant qu'il était sortit de sa rêverie il serait difficile d'y entrer à nouveau. Bizarrement, tout ce qui n'avait aucune importance il y avait quelques minutes le gênait à présent. Le soleil tapait trop fort, le sel sur sa main collait à son T-Shirt, sa hanche calée contre le bois le lançait douloureusement. Le vent sifflait au dessus de lui sans le toucher puisqu'il était calé au fond de la barque. Mais maintenant qu'il était vraiment réveillé il le sentait s'insinuer sous sa nuque, comme un vieil ami qui te rappelle sa présence en soufflant simplement sur ta peau.

« Comment tu veux reprendre une existence normale hein ? Pathétique moi je dis. »

Même s'il ne bougeait pas auparavant, Liam se raidit et s'empêcha au dernier moment d'ouvrir les yeux. Cette voix, il la connaissait, il n'avait pas besoin de la voir pour savoir de qui il s'agissait. Il soupira et passa sa main sur sa gorge.

« Pathétique, c'est le mot oui. T'as des problèmes dans ta vie Mamzelle Dragibus ? » railla-t-il à voix haute.

Il se redressa sur un coude et fit face à Lauriane. Salut toi . Sauf qu'il ne pouvait pas être comme d'habitude. Ce n'était pas n'importe quelle fille. En fait il n'y avait qu'elle qui pouvait se vanter de ne pas risquer de se faire draguer par Mister MacEwin deuxième du nom =x. Et pour quoi ? Parce que le premier du nom, justement, était plus qu'à fond sur la demoiselle en question. Et que pour rien au monde Liam n'aurait voulu faire du mal à son frère.

« On se balade ? » il la regarda et se reprit. « On lézarde au soleil plutôt. »

Le jeune homme s'assit, pivota pour se retrouver face à elle et sortit les jambes du bateau, les passant par dessus le rebord. Pied nus, en vrai marin qui se respecte ='), il laissa tremper le bout de son jean dans l'eau salée et posa sa tête sur une de ses mains.

« Tiens, tu tombe bien, tu sais où est mon frère toi ? »

Oui il ne la connaissait qu'à peine. Oui il ne l'avait vu que deux fois en tout. Mais bon.. =O Ça c'est du Liam quoi. Il releva ses yeux gris et les planta dans ceux de Lauriane. Toujours aussi intenses que d'habitude. Il grimaça et détourna le regard, se rendant compte de comment il la regardais. Pas touche Liam, c'est la proie du maître --'. Le monde est injuste ;__; Dit il alors que d'habitude c'est le contraire... (: Pour se changer les idées il sortit d'une main son paquet de Camel, l'ouvrit d'un geste qui trahissait l'habitude avec un doigt, le secoua précisément pour qu'une seule clope en sorte. Il la porta à ses lèvres, remit le paquet dans sa poche alors que l'autre prenait un briquet, l'alluma et prit une bouffée. Immédiatement, il se détendit. Liam prit une taffe, la souffla longuement et posa de nouveau les yeux sur Lauriane. Et sur sa propre clope. Liam haussa les sourcils.

« Tu fumes toi ? » demanda-t-il, surprit.

L'air de rien, elle faisait plus petite fille sage que rebelle qui fume sa clope au soleil. En parlant de soleil. Grâce à sa chaleur, ça montait plus vite à la tête. Rien de plus agréable qu'une cigarette au soleil 8).